samedi 5 août 2017

Anniversaire de la Libération d'Igny : Hommage à Alphonse LINCKENHELY




Hommage à Alphonse LINCKENHELY
Président du comité de Libération et ancien Maire de la ville d’Igny

Ouvrier charpentier en fer, Alphonse Linckenhely (1894-1975) aura consacré toute sa vie à Igny (Essonne).
Ayant connu les horreurs de la première guerre mondiale, la « der des der » a un sens profond pour lui : celle de la défense de la paix et de la fraternité entre tous les peuples pour empêcher une nouvelle guerre. C'est ce qui le guidera pour participer au Congrès de Tours de 1920 d’où naîtra le Parti communiste, section française de l'Internationale communiste.

En 1925, il participe aux actions condamnant la guerre coloniale du Rif contre le peuple Marocain alors que les peuples coloniaux avaient payé un lourd tribut dans les tranchées de 1913 à 1918.
Face à la menace fasciste en 1934, il participe à l’action et aux efforts des communistes pour réaliser un vaste Front antifasciste regroupant les démocrates de notre pays. Ce combat pour l'unité syndicale et politique aboutira au Front populaire avec ses grandes conquêtes sociales et démocratiques en 1936.

Alphonse Linckenhely participe ensuite à l'organisation de l'aide à l'Espagne républicaine fragilisée par la politique de non intervention des pays démocratiques et en danger suite au coup de force de Franco aidé par Hitler et Mussolini. Il aidera à la création des Brigades internationales dont sera membre un citoyen d'Igny Emmanuel Mignard avec de nombreux futurs résistants de France comme Rol Tanguy et le colonel Fabien.

Après la défaite de la démocratie en Espagne, c'est celle de la France qui s'annonce et ceux qui préfèrent Hitler au Front Populaire relèvent la tête. Pendant la drôle de guerre ils ne sont pas inquiétés, alors que les communistes sont pourchassés avec d'autres démocrates. Alphonse Linckenhely comme beaucoup de militants communistes est arrêté en 1939. Interné au Havre, il s'échappera en 1940 pour entrer dans la clandestinité.
Le trouble de la période est dépassé par la culture antifasciste qui imprègne l'état d'esprit des militants les plus conscients et les orientent sur le chemin de la lutte antinazie. C'est le chemin qu'emprunte Alphonse Linckenhely.
En octobre 1941 est créé le Front National de lutte pour la liberté et l'indépendance de la France au sein duquel vont se retrouver des patriotes de toutes tendances pour la libération de la France et l'instauration d'une République Nouvelle.

Revenu à Igny Alphonse Linckenhely organise la résistance à Igny et aux environs. Il lui faut prendre des contacts dans des conditions difficiles car tout est désorganisé matériellement et moralement, les militants sont surveillés, les amitiés incertaines. Il est en contact avec la direction nationale du Parti communiste français clandestin qui se réunit à Gommonvilliers.

En août 1944, il devient président du comité de Libération de la ville. Les électeurs le désigneront en 1945 à la tête d’une municipalité d’union composée de communistes et de démocrates.

De nombreuses réalisations verront le jour sous son impulsion, notamment de 1953 à 1965 : création de groupes scolaires, de logements HLM, adductions d’eau et de l’assainissement. Il créera les premières classes de neige de la commune, les colonies de vacances, les cours de danse, le stade Jean Moulin entre autres.

Une plaque lui rendant hommage est inaugurée le 25 août 2004 par la Maire Françoise Ribière en présence de Robert Vizet, ancien Maire de Palaiseau, qui organisa sous l’occupation l’action des jeunes résistants ignissois.

Précédemment à l'occasion du 8 mai 1977, sous le début de mandat de Marcel Mouric, une première plaque avait été dévoilée à côté du porche du Clos des trois Arpents, premier groupe H.L.M réalisé par Alphonse Linckenhely.

La libération d’Igny en août 1944

Sous l’occupation, les allemands sont stationnés à St Nicolas. Et comme partout en France, il y a malheureusement des collaborateurs encore plus dangereux pour leur connaissance de la population dont celles et ceux soupçonnés d’être communiste ou gaulliste.
En dépit de ces difficultés, le but des résistants est d’abord de montrer à la population que l'occupation allemande ne peut pas, ne doit pas être éternelle.
C’est dénoncer la trahison de Pétain et de sa politique de collaboration qui vise à faire de la France une colonie allemande et aider en réalité Hitler à conquérir toute l'Europe en instaurant un système raciste par l'extermination des Juifs, des Tsiganes et des homosexuels, c’est-à-dire de tous ceux qui sont différents.
C’est aussi rassembler tous les patriotes, aider les jeunes qui refusent de partir travailler en Allemagne, les évadés des camps d'internement. Distribuer des expressions antinazies, récupérer des armes, redonner confiance en dépit de la répression qui s'abat sur la résistance.
Et avec la victoire de Stalingrad en février 1943, l'espoir change enfin de camp et donne du crédit à ceux qui n'ont pas baissé les bras devant la défaite.

Rassemblant la Résistance à Igny, Alphonse Linckenhely prépare alors les conditions de la Libération.
Le 14 juillet 1944 est choisi pour en faire une démonstration de force vis-à-vis de la population et pour montrer à l'occupant que la fin approche. Le 14 juillet est jour de grève, de manifestations populaires et d'actions de toutes sortes, petites ou grandes, contre l'occupant. Alphonse Linckenhely confie au groupe de l'Union de la jeunesse patriotique d’Igny, animé par le futur Maire de Palaiseau Robert Vizet, la tâche d'organiser la pose du drapeau tricolore à la mairie d'Igny et d'un rassemblement sur la tombe d'Estienne d'Orves à Verrières le Buisson et suivant les circonstances une manifestation dans les rues de Verrières.

Dans la nuit du 13 au 14 le drapeau tricolore est hissé en face de la Mairie, au front du pylône électrique à l’angle de la rue Gabriel Péri et de la rue Carnot avec l'inscription « la Résistance c'est la France ».
Si la population manifeste sa joie à la vue du drapeau le lendemain matin, les allemands sont furieux. Le drapeau restera deux jours. La légende dit que les allemands craignaient que le pylône soit électrifié.
Le 14 juillet le rassemblement a lieu sur la tombe d'Estienne d'Orves, lieutenant de vaisseau fusillé en 1943, pour lui rendre hommage.
Le sacrifice de Gabriel Péri journaliste à l’Humanité et de l’officier d'Estienne d'Orves symbolise l'Union de la Résistance évoquée par Aragon « Celui qui croyait au ciel. Celui qui n'y croyait pas. ».
C'est au chant de la Marseillaise et du chant du Départ, ponctués de slogans antinazis que la manifestation va se dérouler. Des tracts sont distribués et une prise de parole appelle les gens à rejoindre la Résistance.
Devant la détermination des jeunes une patrouille cycliste allemande va rebrousser son chemin.

Par la suite, Alphonse Linckenhely met en place le comité de Libération en veillant à ce que toutes les forces patriotiques y soient représentées. Des plans d'occupation des édifices publics sont élaborés et les équipes désignées. Ce qui sera effectif dès le 25 avril à 8h du matin marquant ainsi la libération de la commune.
 

Dans le même temps les forces allemandes de 2000 hommes sont bloquées sur le plateau de Saclay se rendant à un officier de l'Armée Leclerc.

Ainsi Igny et l'Ile-de-France vont retrouver la liberté par les forces conjuguées de la Résistance et de l'armée Leclerc.

En commémorant chaque année l’anniversaire de la Libération et en rendant hommage à tous ceux et toutes celles qui sont morts pour la libération de la France et de l'Europe et à des hommes comme Alphonse Linckenhely, nous avons le devoir de préserver l'héritage de leur idéal de justice et de liberté.